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Exposition Pierre Probst à Versailles, 28 avril au 16 septembre 2012

« Pierre Probst, Caroline et le dessin d’illustration » est une exposition consacrée au travail du célèbre illustrateur Pierre Probst (1903-2007), auteur de Caroline mais aussi de Fanfan, série qui m'émerveilla, enfant.
Le musée Lambinet, 54, boulevard de la Reine, 78000 Versailles. Tél : 01 39 50 30 32 Fax : 01 39 51 90 88 Notez une période de vacances du musée au cours de cette exposition.
Pierre Probst est mort le jeudi douze avril 2007 à l’hôpital de Suresnes, Hauts-de-Seine, à l’âge de quatre-vingt quatorze ans, des suites d’un infarctus. Dépêche AFP, communiqué de l’éditeur Hachette. Pierre Probst ? Ce nom ne vous dit rien ? Le lot commun de nombre de grands auteurs pour la jeunesse. Ce d’autant que le talent de l’homme en question n’a d’égal que son infinie modestie. Pierre Probst, l’auteur de la série des Caroline. Ca y est, un coin de votre enfance resurgit soudainement au milieu de vos préoccupations quotidiennes… Si avec ses cinquante millions d’albums vendus dans le monde depuis sa création en 1954 par Marcel Marlier et Gilbert Delahaye, Martine demeure la reine dans le monde de l’édition pour petites filles, Caroline est la seule à pouvoir la talonner, avec ses trente huit millions d’exemplaires. Hommage du père d’un des classiques de la littérature jeunesse contemporaine, la pétillante Caroline. Issu d’une famille alsacienne œuvrant dans le domaine du dessin pour broderie aux Cotonnades d’Alsace, Pierre Probst est né à Mulhouse, Haut-Rhin, dans une Alsace alors sous administration germanique, à la veille de la première guerre mondiale, le six décembre 1913 précisément. L’année même du succès national de l’album jeunesse, Mon village, d’un dessinateur humoristique colmarien, Jean-Jacques Waltz, figure tutélaire alsacienne célèbre sous le pseudonyme d’Oncle Hansi (1873-1951). Très tôt, après ses études chez les Frères, le jeune Pierre se consacre tout naturellement aux Arts graphiques, dessinant quelques temps des cartons de motifs pour la soierie dès ses dix-huit ans et suivant les cours des Beaux-arts de sa ville natale avant de débuter dans la publicité en tant que retoucheur et photograveur. A Lyon, après une seconde guerre mondiale tumultueuse qui voit s’évader le mobilisé de 1939, le jeune mulhousien désormais marié s’oriente maintenant vers l’illustration jeunesse. Puis, encouragé par des éditeurs réfugiés en zone libre dans la capitale des Gaules, il monte à Paris en 1946. Probst entre alors chez Hachette, son éditeur de référence, réalisant les couvertures pour l’Idéale Bibliothèque, la bibliothèque verte, participant à la création de la collection des Albums roses en y inventant dès 1947 une tribu d’animaux familiers, les chatons Pouf ( le blanc) et Noiraud ( le noir) ainsi que les chiots Bobi, Pipo et le turbulent cocker nommé Youpi. 1953, Pierre Probst fête ses quarante ans. C’est aussi l’année charnière de sa carrière, celle où il crée Une fête chez Caroline, le premier album de l’indémodable personnage qui fera son succès, Caroline. Ceci tout en continuant à travailler dans la communication – pour exemple, il est l’auteur de l’emblématique chien noir du chocolat Suchard et du Tonimalt. La petite fille blonde aux sages couettes et à la salopette rouge retrouve d’emblée la faune précédemment créée, commandant du haut de ses sept ans ses fidèles amis canins et félins dans des histoires lointaines, aussi mignonnes que fantaisistes, entrant en concurrence directe avec Martine éditée chez Casterman. Autant le réalisme de la désuète Martine est acidulée, autant celui de Caroline est franc, trempé, vif. Autant l’exemplaire et positive Martine est féminine, autant l’indépendante Caroline a des airs de garçon manqué et de chef de bande vivant des aventures exotiques aux quatre coins de la planète en compagnie de sa faune familière. Si la petite héroïne de papier porte le nom de la grand-mère de Pierre Probst, elle adopte néanmoins le caractère et la personnalité de sa propre fille unique, Simone. « J’aime la jeunesse dans tout ce qu’elle a de spontané, de merveilleusement vivant. ». Aujourd’hui, la série des Caroline, traduite en quinze langues, du japonais au suédois en passant par l’américain, comptabilise quarante-trois albums, dont le dernier paru en 2005 s’intitule Caroline et le fantôme du Loch-Ness. Nouvelle preuve de la verdeur créatrice d’un père exerçant désormais l’art d’être grand-père puisque l’état-civil accorde alors quatre vingt douze printemps au vieux Maître de la Garenne Colombes, une paisible banlieue francilienne nichée dans une boucle de la Seine ! En mars dernier, il venait de mettre la touche finale à un nouvel album de Caroline, qui sera donc son dernier, un livre dans lequel l’héroïne se lance dans le septième art. Demain, l’Alsace qui a aussi donné l’œuvre puissante du strasbourgeois globbe-trotter Tomi Ungerer, honorera-t-elle Probst comme l’un de ses auteurs majeurs, à l’instar du délicieux musée de Riquewihr consacré à l’œuvre de l’oncle Hansi ? En 1966, le cinquantenaire Pierre Probst donne aussi naissance à un nouveau personnage, Fanfan, le penchant masculin de Caroline, un jeune garçon amoureux de la nature, écologiste avant l’heure entouré de la même faune lui aussi. Déjà en 1953, Hachette avait voulu lui imposer un jeune garçon, Probst préféra alors une héroïne à l’image de sa jeune Simone. Le petit brun au pull marine et à la veste rouge promène désormais son jean d’Europe en Afrique en compagnie d’une même faune, à l’ombre du succès de sa sœur aînée de papier. Sept albums et un mini-album verront le jour, parmi lesquels Fanfan et sa péniche, Fanfan et la colline en feu, puis Fanfan et le singe vert, trois albums qui ont ravi ma propre enfance, une enfance au temps de Pimprenelle et Nicolas, de Saturnin et de Bonne nuit les petits. Le garçonnet que j’étais pouvait vivre des aventures par procuration et atteindre l’objectif de tout enfant, singer la responsabilité d’un adulte, tel Fanfan, marinier improvisé aux commandes d’une péniche sauvant les animaux des fermes alentours d’une mort certaine lors d’une mémorable inondation… L’air de rien, le pinceau chargé de gouache de Pierre Probst a posé sur le papier un indicible parfum de nostalgie pour beaucoup d’anciens enfants. Et c’est cette nostalgie qui a fait irruption un certain douze avril. Un jeudi, jour de repos pour les petits français des trente glorieuses que nous étions. Nul doute que le modeste arrière-grand-père est parti faire l’école buissonnière au vert paradis des enfances perdues, en compagnie de ses enfants de papier, parti comme un vieil instituteur que le mouvement de la vie nous avait fait oublié mais dont l’évocation suffit à nous remémorer notre propre enfance, celle des billes de terre, des vieux marronniers et des encriers en porcelaine. Souvenirs d’en France, vous disais-je." Miniac. Bibliographie : La série Caroline est éditée par Hachette jeunesse. Dès cinq ans. Les Editions du triomphe, à Paris, rééditent aujourd’hui l’intégralité de la série des Fanfan, ainsi que certains titres de Caroline.