lundi

Stavisky, l'escroc du siècle, film de Claude-Michel Rome


Dialogue autour du métrage de Claude-Michel Rome, Stavisky, l'escroc du siècle : "Le téléfilm sur Stavisky passé cette semaine présentait des anachronismes sur la Cagoule justement et une erreur sur Albert Prince que Claude-Michel Rome présente comme procureur et qui était conseiller. Rappelons que Schueller , le financier de tout cela est monsieur l'Oréal ; Realpolitik quand tu nous tiens..." m'écrivait un collègue écrivain, grand romancier du noir. "Héla oui pour les anachronismes relatifs à la Cagoule ! lui répondais-je. Elle n'existait donc pas encore au moment de l'affaire Stavisky puisque le CSAR nait justement de l'échec du 6 février 1934, conséquence entre autres de l'affaire Stavisky. Ah oui, je n'avais pas relevé pour le conseiller Prince. Ce qui m'a gêné également, même si c'est une fiction populaire, et surtout si cela en est une d'ailleurs, c'est de ne pas avoir respecté un minima la réalité des physionomies des personnages. Le film présente notamment des photos de trois cagoulards en prenant des photos d'acteurs ; cela aurait été si simple de montrer des visuels retouchés des vrais protagonistes. Oui, et les Michelin, les huiles Lesieur, et autres Renault. Et, dans votre région, un certain Jean Dominique Moreau de la Meuse, filateur à Roubaix. Mais, malgré toutes ces réserves, agaçantes d'emblée, le film était agréable à suivre. Après tout, c'est peut-être là l'essentiel ? J'ai relevé des détails que j'ignorais (le fait que Stavisky sauve un épargnant de la faillite, par exemple) mais au vu des incohérences historiques précédentes, je ne sais si ces détails relèvent de l'invention ou du réel. Et c'est bien dommage. Le mieux est de bâtir une fiction, avec de vrais personnages de fiction, sur un fond historique vraisemblable, tel le superbe Village Français, davantage que de traiter d'un sujet précis avec une certaine légèreté. " "Ou faire de l'uchronie à la Dumas, inventer les protagonistes d'une histoire branchée sur l'Histoire. L'affaire Stavisky est certes une fiction populaire et c'est bien." concluait mon interlocuteur.

Victor Lustig in Escroqueries Légendaires d'Eric Yung.


Au-delà de la thématique de l'escroquerie qui m'intéresse vivement, appréhendée ici par le journaliste et écrivain Eric Yung, il y a un récit qui m'intrigue dans ce livre généraliste à la maquette alléchante : le chapitre consacré à Victor Lustig, le gansgter austro-hongrois de la bande d'Al Capone, lequel aurait vendu la tour Eiffel à un ferrailleur français en mal de reconnaissance, le dénommé Poisson. Histoire emblématique de l'escroquerie en France, maintes fois relatée dans les livres et propagée depuis sur la toile, jadis écrite par le passionnant conteur qu'est Pierre Bellemare.
La couverture sur le site du Cherche-Midi. Pour autant, en cherchant des références dans la presse contemporaine des faits supposés voici deux ans, je n'avais strictement rien trouvé qui puisse corroborer le récit de cette escroquerie à la Tour. L'existence de l'homme est avérée par les journaux - sa participation à d'autres escroqueries lui vaut ainsi une arrestation et une incarcération en France. Mais l'existence de l'escroquerie à la tour Eiffel elle-même n'est attestée par aucune des sources écrites de l'époque que j'avais alors consultées. Tout comme aucun des noms des protagonistes cités dans le chapitre Lustig du livre de Bellemare consacré aux escroqueries : Les Génies de l'Arnaque, paru chez Albin-Michel en 1994. A commencer par le fameux Poisson, supposé ferrailleur de son état. Pas le moindre encart commercial. Pas la moindre adresse. Rien. Absolument rien. Au-delà du goût pour la littérature d'Eric Yung, ancien policier versé dans l'écriture, c'est donc avec un intérêt particulier que je lirai ce chapitre de son Escroqueries Légendaires qui parait début mars 2016 aux éditions du Cherche-Midi, espérant trouvé quelques réponses à mes questions. Au regard de ce livre à paraitre, cet intérêt tout personnel pour la véracité sur ce sujet n'a aucune importance puisque le titre même du volume invoque l'aspect légendaire des choses. Ceci étant, j'aimerais bien un jour connaître le fin mot de l'histoire Lustig. Mythe ou réalité ? Si le mythe était avéré, il serait de même intéressant de savoir les circonstances de sa naissance. Au fond, pour ce dernier, ne serait-ce pas la plus magistrale des escroqueries que de se voir attribuer par la postérité une escroquerie aussi emblématique qu'imaginaire ?
En me penchant sur cette nouveauté, je m'aperçois qu'Eric Yung a également écrit un autre livre sur l'escroquerie en 2103, lequel "Escroqueries en tout genre" fait implicitement référence à la supposée escroquerie de Lustig en arborant une tour Eiffel à vendre en couverture. Autre achat de librairie en perspective pour qui s'intéresse au mystère Lustig !
YUNG Eric, Escroqueries légendaires, Le Cherche-Midi, sortie le 3 mars 2016. ISBN-10: 2749121108 ISBN-13: 978-2749121109 228 pages, 405 grammes, prix public de 17 euros. Présentation de l'éditeur "Romulus Brinkley, constatant qu'un grand nombre d'américains se plaignent de faiblesse sexuelle, leur propose de se faire greffer des testicules de bouc. Pour ce faire, en 1918, il ouvre un hôpital de 50 lits, embauche six chirurgiens. Et, miracle inattendu : plusieurs femmes d'opérés témoignent publiquement de leur satisfaction. Cet escroc, puisqu'il en est un, devient l'un des hommes les plus riches des États Unis (il est le propriétaire de plusieurs voitures dont une Lincoln gravée à son nom, d'un avion privé, de deux yachts, d'un voilier de 170 pieds, d'une chaîne de radio etc.). On a estimé que Romulus Brinkley avait greffé, en 16 ans, plus de 5000 paires de testicules de boucs à des hommes en quête de virilité. Or, le dossier de Romulus Brinkley n'est pas unique, loin de là. Les " génies de l'arnaque " se comptent par centaines. De l'affaire Victor Lustig, cet austro-hongrois qui a vendu, en 1925, la Tour Eiffel à un ferrailleur parisien et qui, après avoir récidivé plusieurs fois avec des combines du même genre, a fini ses jours sous la protection d'Al Capone à celle de "Helga de la Brache" qui a convaincu les plus grands de ce monde qu'elle était la fille cachée du roi de Suède, en passant par " Le suaire de Léonard de Vinci " et autres astuces frauduleuses qui, en leur temps, ont défrayé la chronique judiciaire, les histoires de délinquance astucieuse sont nombreuses. Éric Yung a réuni les plus drôles, les plus géniales et les plus insolites." Biographie de l'auteur "Journaliste et écrivain, rédacteur en chef à Radio France, chroniqueur littéraire pour le magazine culturel BSC NEWS, Éric Yung a déjà publié, au cherche midi, La Tentation de l'ombre (en cours d'adaptation cinématographique), Du cambriolage considéré comme l'un des beaux-arts, Un silence coupable et Les nouvelles Archives de l'Étrange. L'auteur habite le Loir et Cher (41)" Décidément, la narration des grandes figures de l'escroquerie des XIX et XXe siècles est à la mode aujourd'hui dans l'édition, après une longue absence du sujet depuis son évocation par Pierre Bellemare. Après mon bouquin sorti en 2014 chez Métive (Affaires d'Etat, Affaires Privées), puis celui de Eric Yung paru en mars 2016, voici l'escroc Christophe Rocancourt qui se colle à l'exercice en avril 2016 avec un titre accrocheur, L'escroquerie, le 8ème art, dont le sous-titre joue à profit sur la médiatisation de l'ancien escroc Rocancourt. Naturellement, les classiques du genre sont évoqués dans ce dernier livre, peut-être écrit par celui qui attire l'attention médiatique par son parcours carcéral antérieur. A nouveau, il est question d'un marronnier du genre : la figure de Victor Lustig. Dont les exploits relatifs à la Tour eiffel, selon mes recherches approfondies en archive, s'avèrent bien hypothétiques. Jusqu'à preuve du contraire, si Lustig a bel et bien existé, il n'a jamais vendu de tour Eiffel à qui que ce soit si l'on se réfère à la presse de l'époque qui, outre le fait que jamais l'escroquerie n'est évoquée, ne relève aucune preuve de l'existence de l'un ou l'autre des autres protagonistes de l'affaire, victime, fonctionnaires divers. Le dénommé Poison, celui étant supposé être sa victime, n'apparait jamais dans la presse de son époque. A-t-il jamais existé ?.. Mystère. Et tout de la même eau pour ce récit... Et chacun de replanter ce marronnier pour son propre compte.. "En février 2015, Christophe Rocancourt, à l'issue de quatre mois de détention, est mis en examen pour trafic d'influence et corruption : il a indirectement provoqué la chute du directeur du 36, quai des Orfèvres où 52 kg de cocaïne ont été dérobés. Dans ce livre, Rocancourt s'interroge sur ce qui fait le génie des grands escrocs. Il révèle les ficelles du métier, ses trucs et ses codes. L'escroquerie est un art qui requiert savoir-faire et talent. La technique ne suffit pas, il faut du brio. Les vrais professionnels charment leur proie avant de la saigner. De ses pairs, il jauge les forces et les faiblesses et conclut, à l'heure des nouvelles technologies, que les escrocs sont une espèce en voie de disparition. La pléiade présentée ici a été sélectionnée pour son panache et sa diversité : Frank Abagnale vole en pilotant, Alexandre Jacob préfigure Arsène Lupin, les soeurs Fox parlent aux esprits pour ruiner les vivants, Fernand Legros dupe le marché de l'art, Victor Lustig vend deux fois la Tour Eiffel, Vrain-Lucas, faussaire de génie, bénéficie de l'appui de l'académie des sciences... "

vendredi

Les Grandes Affaires de l'Histoire, n° 20, ( janvier-février 2016).


Dans le numéro 20 du bimestriel Les Grandes Affaires de l'Histoire, retrouvez Jean-François Miniac pour sa rubrique judiciaire "Histoire en procès ainsi que pour un entretien avec un grand peintre français, Arcabas. Chose exceptionnelle, la rubrique "Ils ont fait l'Histoire" présentera un article de votre serviteur consacrée à la courte biographie d'une maîtresse du maréchal Philippe Pétain, révélant son nom au passage, fruit d'une découverte aléatoire effectuée de recoupement en recoupement autour d'une affaire criminelle périgourdine.
* Les Grandes Affaires de l'Histoire, numéro 20, janvier-février 2016.

Les Grandes Affaires Criminelles, Hors-série n°1, janvier-février-mars 2016


Oyez citoyennes et citoyens : à Pradelles comme ailleurs, en France comme en Navarre, le premier numéro hors-série du trimestriel Les Grandes Affaires Criminelles est disponible dans tous les bons kiosques depuis le 31 décembre 2015 et sur abonnement naturellement. Réalisé par une équipe de spécialistes du True crime, ce n°1 est donc consacré à la criminalité politique française, essentiellement depuis la Troisième république.
Parmi les vingt chapitres, vous y retrouverez huit récits politiques concoctés par votre serviteur.

mardi

Les Grandes Affaires Criminelles n°6 (décembre 2015-janvier et février 2016)


Il est beau, il est sorti tout chaud des presses le samedi 21 novembre, le numéro 6 du bimestriel Les Grandes Affaires Criminelles ! Amateurs de True Crime, cet excellent magazine est naturellement pour vous. Amateurs d'Histoire également puisque, sur ce numéro, le titre se focalise davantage sur la seule criminalité d'ordre historique, délaissant quelque peu celle de fait-divers. Retrouvez la plume de Jean-François Miniac dans ce sixième numéro, celui de l'hiver 2015-2016. Outre l'écriture de deux affaires (Léger, Le Petit Grégory), j'y ai réalisé cet été le long entretien d'un grand écrivain, accessoirement amateur de faits-divers : M. Didier Decoin.
Un honneur et un vrai bonheur, que de s'entretenir avec le romancier, homme affable, passionnant, charmant, ouvert, courtois, compassionnel. Cela donne vraiment envie de se plonger ou de se replonger dans l'un de ses livres, ne serait-ce que dans La pendue de Londres ou bien Est-ce ainsi que les femmes meurent, ses deux derniers romans basés sur des relations de fait-divers à la noirceur exemplaire.
De surcroit, j'ai dessiné les six illustrations des trois grandes affaires récentes (Patrick Dils, Sagawa, Simone Weber) de la rubrique "Un œil sur notre temps", ponctuellement rédigée par une talentueuse nouvelliste de la Nièvre, Fabienne Desseux. Pour une perfection de la proposition éditoriale et une meilleure satisfaction des lecteurs, le prochain numéro devrait voir quelques changements notables que nous évoquerons plus tard, au moment adéquat. "Les Grandes Affaires Criminelles" n°6, décembre 2015-janvier et février 2016.