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Normandises


Sortie le 17 décembre 2012 de Normandises- Savoureuses expressions normandes, texte de Roger Jouet, dessin de Miniac, OREP.
Dans l'esprit des fameux Bretonnismes illustrés par le dessinateur de presse Nono, livres bien connus de nos voisins bretons, ce petit ouvrage d'humour décline les savoureuses expressions, dictons et proverbes normands, dans le contexte quotidien, au fil de la vie, de la naissance au mariage, des amours aux élections. Concocté à l'automne par l'historien et universitaire Roger Jouet au texte, puis par votre serviteur au dessin, ce livre d'éditeur, festif et malicieux, est une occasion ludique et illustrée de découvrir ou de redécouvrir la richesse du parler normand. Ce fut aussi un plaisir pour l'historien d'évoquer avec bonheur le souvenir des siens au détour de la transcription de scènes et d'anecdotes et, pour ma part, un pur exercice de style pour répondre au mieux aux désirs éditoriaux en matière visuelle. Cela donne un livre d'une élégante blancheur, d'une sobre maquette et d'un graphisme dans l'esprit des illustrateurs elliptiques des années 50.
"Savez-vous ce qu’est « un pouchain de haie » [poussin de haie] ? Votre épouse est-elle « mougearde » [dépensière] ? Votre voisin, corpulent, est « à plleine écalle » [à pleine écaille], mais vous le soupçonnez d’être « franc comme un hart de seû » [franc comme un lien de fagot en bois de sureau]. Vos relations avec lui pourraient bien « tourner en beurre de bique [de chèvre] ». Quant à sa femme, elle a « de la flleu sû la goule » [de la farine sur le visage], et les mauvaises langues disent qu’« e’ tient mûs sû l’dos qu’une faucile » [elle tient mieux sur le dos qu’une faucille]. Mais, comme on dit « l’auge est faite pou’ l’cochon »…
(Patrimoine Normand n° 84, hiver 2012-2013.) Ce sont des dizaines d’expressions de ce genre que recense ce petit livre, en les traduisant et en les commentant avec humour. Certaines ne sont plus guère usitées, et c’est dommage, car toutes témoignent de cette finesse d’observation, de ce sens du mot juste, de cet esprit à la fois caustique et gaillard qui caractérisait les Normands d’hier. Et puis il y a cette langue, ce patois, plein de saveur et d’images, dont on espère qu’il ne disparaîtra jamais complètement.
Ayant grandi près de parents chez lesquels le « normand » n’était jamais très loin, ayant vécu au cœur d’une région pleinement rurale et à l’écoute de ses habitants, Roger Jouet nous restitue toutes ces savoureuses expressions, ces « normandises » dont il est lui-même si friand. À déguster sans modération, d’autant plus que les dessins de Miniac ajoutent au charme de cette promenade dans les terroirs normands d’hier, et un peu d’aujourd’hui !"
" Bien que je me sois toujours exprimé en français, le patois normand a dès l'enfance fait partie de mon environnement familier. Mes parents, s'ils s'appliquaient à « bien parler » depuis qu'ils étaient devenus citadins (ils disaient « villois »), émaillaient constamment leurs propos de mots et d'expressions en pur normand, bien qu'ils fussent souvent persuadés du contraire. Ce sont eux qui, sans l'avoir recherché, m'ont donné le goût de notre vieux parler. J'ai ainsi au fil des années entendu et noté bien des expressions qui m' apparaissaient comme autant de perles qu'il fallait sauver à tout prix de l'oubli dans lequel elles risquaient de sombrer. Je les ai choisies essentiellement pour leur saveur, leur couleur, leur force d'expression, leur originalité. Je n'ai donc pas visé l'exhaustivité, mais plutôt le pittoresque, et, dans toute la mesure du possible, les expressions spécifiquement normandes. J'ai donc transcrit les mots de façon à les rendre lisibles par un lecteur non spécialiste. Puisse cette modeste contribution, rehaussée des talentueux dessins de Miniac, redonner vie à quelques-unes de ces belles expressions normandes, à travers lesquelles s'exprimaient l'esprit sarcastique, l'humour, mais aussi la sagesse de nos anciens. " Roger JOUET
Normandises- Savoureuses expressions normandes, texte de Roger Jouet, dessin de Miniac, OREP, décembre 2012. format : 200x200 mm, 80 pages, isbn : 978-2-8151-0138-7, Couverture souple, Dos carré, collé, cousu. 13,20 €.
Entre 13 h 30 et 14 h chaque jour, Gaétan Spagnol de France Bleu a reçu les auteurs Jouet et Miniac dans son émission quotidienne Vivre en Normandie, du lundi 21 au vendredi 25 janvier 2013. ROGER JOUET : Agrégé d'histoire depuis 1967. maître de conférences à l'université de Caen, en histoire du Moyen Âge (1969-1992 et 1997-2002), délégué à la mémoire et à l'information historique au ministère des Anciens combattants de 1992 à 1997, conseiller régional de Basse-Normandie de 1986 à 1992, le manchois Roger Jouet est un écrivain amoureux de l'histoire de la Normandie. En 2010, il reçoit le prix littéraire du Cotentin pour « l'ensemble de son œuvre »
Bibliographie de Roger Jouet : *La Résistance à l'occupation anglaise en Basse-Normandie (1417-1450), Cahiers des Annales de Normandie, Caen, 1969. *Et la Normandie devint française, Paris, éd. Mazarine, 1983, réédité en 2004 chez Orep. *Normands, Histoires d'ici et nouvelles d'ailleurs, Orep, 2004. *Histoire de la Normandie des origines à nos jours, (en coll. avec Claude Quétel), Larousse, 2005. *Écrivains de (et en) Normandie, Orep, 2009 (prix littéraire du Cotentin 2010). *Histoire de la Normandie (en collaboration avec Claude Quétel), réédité avec une nouvelle iconographie chez Orep, 2009. *Onze siècles de Normandie et de Normands, vol. 1, Orep, 2010. *Entre rêve et ruralité (nouvelles), éd. Le Vistemboir, 2010. *Onze siècles de Normandie et de Normands, vol. 2, Orep, 2011.
025 Normandises Numéro 2, un ouvrage signé Roger Jouet avec des illustrations de Jean-François Miniac, aux éditions OREP. Chronique de Michel Giard sur France Bleu Nord-Cotentin, le samedi 18 janvier 2014 : Roger Jouet récidive et nous sert la rincette et le gloria de ses savoureuses expressions normandes. Les gens des fermes, les traditions profanes ou religieuses sont autant de thèmes qui mettent l’auteur en appétit. A table, nous dit-il, sans doute parce que le premier volume avait un goût de revenez-y, un goût de trop petit ! Chacun s’installe en sortant son couteau car il faut toujours avoir son couteau sur soi ; on ne va pas couper du bois sans sa hache. Les gros mangeurs, à l’estomac rebondi et proéminent vous diront qu’un gamin avec ses sabots y tiendrait et qu’une oie pourrait y voler. La soupe, les gens de la campagne la préfèrent bien épaisse, avec des yeux dedans. Pas une soupe d’aveugle, non une soupe à mâchon. Le comble de la pauvreté pousse à dire : être maître de sa soupe seulement quand on l’a dans le ventre. Si la teurgoule est très populaire dans le Bessin et le Pays d’Auge, son apparition dans la Manche et l’Orne est plus récente, ce qui ne nous empêchera pas de chanter la ritournelle d’Arthur Marie, le caennais : Pour s’emplir la goule, i faut d’la teurgoule, i faut d’la falue itou, ch’est ça qui fait bère un coup ! La qualité de la table dans une ferme, si vous ne la connaissez pas, il faut regarder le chien de la maison ; s’il est bien gras, la table de la maison est bonne ! Des normands qui vont souvent à l’église, on dit dans le bocage qu’ils sont égllisiers. Chacun honore son saint, comme il peut ; du reste, il n’est pas de saint si petit qui ne veuille son autel. Dans le Cotentin, on célèbre la Sainte-Echelle qui vous conduit tout droit au paradis. La fête patronale est finie quand le saint est remuchi. La procession est terminée et le saint a retrouvé sa niche. Sans être des galope-chopines, sans boire comme des sonneurs de cloches, nous allons lever notre moque de cidre à la santé de cet excellent livre. Le livre NORMANDISES est présent : * Réseau des bibliothèques de Blangy - Pont-L'évêque Intercom, bibliothèque du Breuil-en-Auge ( Côte N 944.2 JOU).