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Emile Aubry, un éclatant orientaliste


Dans la vie, il n'y a pas que Martine Aubry, l'inénarrable secrétaire générale du PS, ou Emilie Aubry, la charmante journaliste de LCP. Il y a surtout le peintre orientaliste français Émile Aubry, lequel nait le 18 avril 1880 comme chacun sait, précisément dans le Constantinois à Sétif, chef-lieu de la wilaya de Sétif, en Algérie aujourd'hui. Fils du médecin militaire Charles Aubry (1853 à Saint-Loup-sur-Sémouse (Haute-Saône)-1939 à Saint-Eugène), député de Constantine (1902-1906), sénateur de Constantine (1906-1920) et maire de Sétif, Emile est ensuite élève au lycée Janson-de-Sailly, dans le XVIème arrondissement de Paris, celui de Christian Bérard et de Trémois, où il s'imprégne de culture gréco-latine. Emile Aubry est le frère du professeur Georges Aubry, médecin des hôpitaux et professeur de clinique médicale a la faculté d'Alger. Puis, élève de l'école nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris, il étudie dans l'atelier de l'académique Jean-Léon Gérôme (1824-1904), un anti-Monet moderne, et de son successeur,le portraitiste mondain de la Troisième république Gabriel Ferrier (1847-1914). Devenu peintre, il réalise la plupart de ses toiles dans son atelier parisien de la rue Chaptal, dans le quartier Saint-Georges du IXème arrondissement, où se pressent de riches étrangères désireuses de se faire immortalisées.
(Les trois grâces) L'inspiration païenne et mythologique, mais aussi biblique, d'un Aubry épris des mythes de l'antiquité inonde son oeuvre picturale : Pastorale ; Chevauchée des Centaures), lui permettant de travailler le dessin du corps humain nu : Jésus au bord du lac, Au pied de la croix, Adoration. Peintre officiel, il reçoit le second grand prix de Rome en 1905 et le premier grand Prix de Rome, décerné par l'Institut de France le 9 novembre 1907 ( Il est alors ex-aequo avec le peintre Louis Billotey (1883-1940), lequel vécut trois ans à la Villa Médici), comme Jean-Gabriel Domergue, Lucien Fontanarosa ou encore Pierre-Yves Trémois au XXème siècle. En 1908, Aubry est pensionnaire de l'Académie de France à Rome, à la Villa Medici, Viale Trinità dei Monti.
Une oeuvre de Louis Billotey, en exposition à La Piscine de Roubaix.
Détail de l'oeuvre de Billotey. Après cinq ans passés sous les drapeaux comme simple soldat, dans les services du camouflage sur les fronts d'Argonne et de Champagne, il peint l'Hommage aux morts de la Guerre pour la mairie du 5e arrondissement de Paris.
Une oeuvre d'Aubry, exposée à la Piscine à Roubaix. Sa toile « La Dame en noir », aujourd'hui à la galerie Aubry à Béjaïa, lui vaut la Médaille d’or du Salon de Paris en 1920.
Aubry expose au Salon des Artistes Français de 1905 à 1937, recevant la médaille d'or en 1920 pour un portrait et devient président du jury du Salon en 1937. En 1926, pour la toile Les Roches rouges ( ci-dessous), il est aussi le lauréat du Prix Henner de l'Académie des Beaux-Arts, du nom du peintre alsacien Jean-Jacques Henner qu'un musée national commémore aujourd'hui à Paris.
(Les roches rouges) Ses oeuvres sont reproduites, telle La voix de Pan, dans le magazine l'Illustration de 1936. Aubry illustre Pépètte et Balthasar, moeurs algériennes, de Louis Bertabd, paru chez Plon en 1925. En septembre 1925, une peinture illustre la couverture de Ladies' Home Journal, magazine de la Curtis Publishing Company, Philadelphia, USA. Auteur de portraits, de scènes intimistes et de paysages de la province de Constantine, près de Bougaa-Lafayette, près d'Aïn-Roua ou de Guenzet, dans les Babor ou le Djurdjura, le peintre orientaliste partage sa vie entre Paris et l'Algérie où, près d'Alger, au pied de la colline de Notre-Dame-d'Afrique, s'ouvre son atelier de la villa " La Soubella ".
(Jeune Constantinoise) Fruit d'une année de travail avce l'aide du peintre Pierre-Louis Ganne, l'immense décor de l'Opéra d'Alger demeure le chef-d'œuvre du peintre attaché à son Algérie natale.
Émile Aubry est aussi un portraitiste mondain renommé, notamment Outre-Atlantique. Ci-joint le portrait de son ami et voisin de la rue de Vintimille, le peintre Miniac :
En 1935, Aubry est élu à l'Académie des beaux-arts, à Paris, celle de Zao Wou-Ki et de Vladimir Velickovic aujourd'hui, et en devient son président en 1948. Aubry expose au Salon des Peintres Algériens et Orientalistes, au salon Artistique de l'Afrique Française et la Société des Artistes Français.
Ses toiles figurent aussi dans de prestigieuses expositions au Canada, aux Amériques, au Japon et en Europe.
La voix de Pan (1925).
(Sans doute une étude préparatoire, non signée, de l'oeuvre "La voix de Pan" (1925), collection particulière dans l'Aisne)
En 1964, peu après l'Indépendance de l'Algérie, l'octogénaire Emile Aubry meurt dans l'Yonne, précisément à Voutenay-sur-Cure, non loin de la colline sacrée de Vézelay, dans les brumes du pays morvandiau. Désormais, le peintre pied-noir repose en terre bourguignonne, loin de la blancheur des paysages de sa Kabylie.
Air Algérie édite une affiche (1970-1989) avec une huile d'Emile Aubry repésentant un vieil Algérien. A Bougie Béjaïa (en arabe : بجاية ), dans la région de Kabylie en Algérie, un musée à son nom perpétue son oeuvre.
José TERNOIS : 0676879389