lundi

Saint-Vaast-la-Hougue, 20-21 juillet 2013


Dans la Manche, plus précisément dans ce Cotentin cher à Paul Bedel, le salon du livre "Ancres et Encres" de Saint-Vaast-la-Hougue est une date toujours aussi agréable, concoctée par l'équipe de Festival en Cotentin sous l'égide d'Edmond Thin, d'une organisation parfaitement huilée, dans un cadre exceptionnel, celui du fort de la Hougue, bénéficiant cette année d'un temps particulièrement exotique dans une France sous la canicule : du vent, de la fraicheur. Du bonheur, quoi. Signature avec notamment le sympathique romancier Roger Farnel comme voisin, une leçon de communication, de gouaille, de séduction, l'art et la manière de séduire son lectorat féminin. Autant d'années que de livres signés. Une lectrice : "Monsieur, je n'ai pas le souvenir de vous avoir rencontré!" "Mais madame, vous êtes celle que j'ai toujours rêvé" ! Madame Chignon ne goûte guère la toile illustrant les Grandes Pages amoureuses de Normandie mais en a apprécié la lecture. Petites attentions aux auteurs sous forme des fameux biscuits manchois de Sotteville dont je raffole, ainsi que ma voisine et bonne camarade haguaise. Gourmandise version pirate. Les sempiternels et nécessaires discours officiels, que le vent rend inaudible au public poli et attentif sous le cobalt estival d'un jour venteux. Huitres, petit-fours et menus plaisirs. Madame Noix de coco et mamie Casse-bonbons, le poète Michel Delaunay, l'Orne, encore et toujours. Avoir un agent, un Monsieur 2 %. La vache à lunettes. Homard m'a dit. Les éditions L'appart, ex-Cheminements, sont à nouveau en déconfiture, après quatre années d'activité, Bruno Moutard en pâtit. Les éditions du Télégramme, du journal brestois, cessent aussi leurs activités éditoriales cet été. Editions Maritimes et d'Outre-Mer, exit depuis belle lurette. Cela tangue dans le maritime. Apéritif et dîner aux Fuschias, la belle table de Saint-Vaast, en compagnie du romancier Yves Jacob, de Roget Jouet et madame, les jeunes mariés du Débarquement, de l'excellent et drôle Jean-Paul Gourévitch, essayiste du livre jeunesse et de l'univers africain à la voix éraillée, de la criminologue vaudoise Anca Visdei, auteur de la biographie de Jean Anouilh, du mémorialiste des guerres perdues Raphaël Delpard, la bonhomie incarnée, Catherine Ecole-Boivin, biographe du populaire paysan haguais Paul Bedel, camarade qui n'a heureusement jamais la langue dans sa poche. Dîner plein d'esprit, mets exquis. Choix du convive destiné à sustenter nos estomacs sur l'ile des survivants. "Merci les garçons, c'était drôle, c'est un de mes meilleurs salons" conclue notre Slave d'un soir. Passer la nuit sur l'île voisine de Tatihou est aussi d'un exotisme bien tempéré. Prendre le bateau à 23 h, se perdre sur le port pour trouver l'embarcadère à l'autre bout du quai, traverser le chenal sous la lune grise, embruns, silhouette bleue électrique de la tour Vauban dans la noir, nuit calme dans l'ancienne maison des équipages, concert des mouettes au lever du jour, une aube blafarde, blanche, brumeuse, automnale depuis la fenêtre de ma chambre donnant sur le jardin exotique de l'ancien lazaret, foultitude d'espèces de cactus, plantes grasses. Petit-déjeuner en tête-à-tête avec le méridional Jean-Paul Gourévitch, consultant auprès de ministères et d'instances internationales, croissant et géostratégie africaine au menu, dépaysant, passionnant, amusant. Une idée de séjour en pension complète. Visite du fort Vauban embrumé avec les mêmes, sous la houlette du maritime Michel Giard, dans une ambiance à la Chabrol ou encore à la Maurice Tillieux, selon sa culture visuelle. Du Gil Jourdan grandeur nature. Retour au port. A midi, déjeuner avec Roger Jouet et consort, Michel Aumont venu en voisin depuis Granville et naturellement notre atout éditorial et essarteur que, pour l'occasion, Audiard aurait probablement surnommé "Fifi le balafré". Un plaisir, surprenant et rare, d'évoquer l'historien Louis Duchesne avec Roger Jouet, fin connaisseur de l'oeuvre de Monseigneur Duchesne, de son Liber Pontificalis, de son Eglise au Vème siècle. Bref, un week-end plein de bonnes rencontres et retrouvailles, annonciateur de nouvelles collaborations aussi. "Courage, toujours" comme conclurait le père de la petite Mathilde, tout feu, tout flamme.